Semi-marathon d'Ottrott : la bonne surprise

Publié le par memo-tri

Lundi 24 octobre 2011

grande-etoile

 

Quelle bonne surprise ce semi-marathon ! J'y étais allé pour le fun et finalement, j'y ai réalisé une de mes meilleures performance, tant au niveau sportif qu'au niveau des sensations. J'ai quasiment jamais vécu une chose comme ça.

Dimanche matin 5h

Je sors de ma deuxième nuit. Je me depêche de rentrer car je sais que le compte à rebour est lancé. Pas beaucoup d'heure de sommeil en prévision et pour être honnête, c'est une heure seulement qui m'attend. Ni une ni deux, je plonge dans un sommeil profond. 7h, le portable sonne et je me retrouve dans un état proche du coma. Les yeux globuleux, un brouillard immense dans mon cerveau. Je me dis que je suis quand même un barge, je mettrai un bon quart d'heure pour émerger. A 7h30, je suis dans la voiture et je me sens bien. J'ai cette petite boule à l'estomac qui m'annonce une envie de bien faire, on va tout donner.

Arrivé sur Ottrott à 8h, je me gare facilement et là, le froid présent pique un peu. Il fait 0 degré, un petit givre recouvre le gazon, des silouhettes fantomatiques marchent ici et là, tout le monde est un peu dans le gaz. Chacun se renfonce dans sa veste pour garder cette chaleur corporelle vitale.
Ni une ni deux, je file récupérer mon dossard, heureusement, il n'y a pas grand monde. Je reçois mon tee-shirt (orignial, c'est le même qu'à Sélestat lol mais cette fois-ci Max, je l'ai pris en S, c'est plus adapté ;-)

Je me dégotte un petit coin de table avec un autre coureur, je m'étale. En même temps que je me prépare, je reste connecté sur Face histoire de publier quelques photos pour décrire sans mots la situation du moment. Je mets mon casque dans les oreilles, je m'enfonce doucement dans ma bulle si protectrice, celle qui vous permet de vous plonger dans la course, de vous recentrer égoïstement sur vous même, concentration.

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8H30, on sort !

Direction la consigne pour déposer le sac. Le froid pique les jambes mais je sens déjà qu'elles sont dispos pour moi aujourd'hui. Je reste encore 5' au chaud et je pars pour un mini échauffement. Dans la petite bosse de départ, elles partent tout de suite. Wahou ! Le temps d'un petit pissou et c'est reparti. Dans la descente, même sensations, houlà, ça promet. Je retourne au chaud 5' et voilà, direction le sas de départ. Echauffement minimaliste mais ça devrait aller. Je me glisse dans le sas où je retrouve Arnaud la gazelle. Devant nous, un sas "elites". Oui, mon oeil ! J'en connais certains et même, d'après leur prestance, on voit bien que ce sont des coureurs lambda. Pas grave, on les auras plus tard (hi hi).

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9h00

 

Le parcours de ce semi : ICI

Top départ. la foule de coureurs s'ébranle et la première bosse calme déjà ces "elites" lol
Je me sers d'Arnaud en tant que poisson pilote pour me frayer un chemin. Avec ça démarche si particulière, facile de le suivre. Assez rapidement, sur les premiers chemins caoillouteux, je serais obligé de le laisser prendre de l'avance, spécialiste trail, il est bien mieux équipé que moi pour passé ce genre de terrain. Après la première borne, je me dis que je suis dans un bon jour. Certe, les 5 premiers km sont à mon avantage car assez plat voire, en descente. Le km 1 est en 3'55. Au détour d'un virage, j'arrive à jauger mon classement et finalement, malgré le départ dans la foule, je suis assez bien placé, mais bon, il y a encore 20km à faire !
Je continu d'avoir Arnaud en ligne de mire, il se situe à environ 300m et là, ça me fait super plaisir. Non pas que je pense qu'il est dans un mauvais jour (c'est assez rare chez lui) mais que je peux faire un truc. Vite, vite, la suite ...

 

Ça grimpe, ça grimpe !

km2 en 3'40" à la faveur de la descente. faut quand même bien enrouler les jambes et surtout, pour mes chevilles de poulet, à faire attention à l'entorse. Je devais me bander les chevilles mais, tête dans le c** le matin, j'ai oublié. Les km défilent et les temps sont bons : 4'18" au 3° (petite grimpette sur faux plat), 4'10" pour le 4° et 4'30" au 5), normal, c'est le premier coup de cul. Le parcours reprend en majeur partie le circuit du 10 et pour les habitués des courses d'Ottrott, la partie en ville avec le virage gauche et la pente qui s'éleve, casse assez les jambes. Bref, je gère cette montée, sans stress, je prends mon mal en patience. Arrivé en haut, je rattrappe un gars que je croise souvent. Nous avons un peu sympathisé au fil des années et nous paopotons de temps en temps. Un coup il est devant moi, un coup c'est moi, mais aujourd'hui, pas de sentiment, j'appuie. Sur le replat, les jambes se mettent à tourner à une vitesse incroyable. Au lieu de freiner tout ça, j'en rajoute une couche. Tout ce que je peux gagner en temps sur le plat, je le prends, je ne me pose pas de question. 

Au 6° passé en 3'46", nous attaquons la première grosse difficulté. 2KM de montée avec des passages à fort pourcentage. Je mets le clignotant à droite, je laisse filer. Ah oui, j'avais oublié. Fait inhabituel chez moi, je cours ce semi avec de la musique dans les oreilles. J'ai décidé ça d'un coup, ce matin, je m'étais dit qu'au pire, je pourrais toujours le couper en chemin. Donc, musique au rythme lent, je cale ma vitesse et je grimpe sans me poser de questions. Les pas sont réguliers, le pouls est stable, aller, on enquille ! Le 7 se fait en 5'28" et le 8° kilo en 5'10". Je garde une distance respectable avec les prédécesseurs. Je me fais rattraper mais je garde le moral, aujourd'hui, rien ne m'atteint. On passe la bosse et première descente. Les jambes repartent immédiatement, c'est vraiment grisant. Par contre, faut que je modère un peu car la descente est parsemée de cailloux, toujours là à m'attendre pour me pêter les chevilles.
La descente se passe bien, je réalise le 9° kilo en 3'58". J'ai rattrapé quelques concurrents et je me sens super bien.

 

Et ça grimpe encore !!!! 

Nous partons un peu avant le 10° kilo sur la droite. C'est le début de la montée et cela pour 5km. Je règle mon shuffle sur le bon tempo et c'est parti. Ceux que j'avais en ligne de mire s'loigne lentement mais sûrement et cela ne change rien à ma détermination. Dans les lueurs du soleil, on peut apercevoir les coureurs et leur silhouette, un beau spectacle que seul la montagne est capable de vous offrir. Mes pulses sont bonnes, la vitesse ne sera guère mieux qu'un petit 10km/h. Je passe le 10° km en 44'35" et le kilo en 5'40". La pente ne faiblit pas, moi non plus. Je me fais tout de même rattraper et je décide volontairement de ne pas emboiter le pas. Je reste sage sur ce coup là. Le 11° passe en 4'54", toujours le bon tempo, je commence à bien gérer la montée. J'ai des tas d'idées qui me traversent l'esprit. En fait, ma tête fonctionne et mon corps cours machinalement, automatiquement. Je repense à ces dernières semaines, ces derniers jours, ces dernières heures. Rien ne peut m'atteindre et j'en suis convaincu. La pente se relève un peu plus et le temps au kilo s'en ressent, 6'28" pour ce 12°. Le soleil qui est sorti me réchauffe le corps. Je remonte les lunettes sur le haut du crâne, je veux pouvoir admirer le paysage. Après 50 Cent, c'est au tour d'IAM de prendre le relais. Cette chanson je l'ai écouté un millier de fois, sur mon vélo, dans les longues montées. Aujorud'hui, c'est en CàP qu'elle maccompagne. Le rythme devient mon tempo. Mes pieds avancent et se posent sur les feuilles tombées au sol, je reste vigilant à ne pas me tordre les chevilles car ce serait dramatique. Je grignote une peu de temps à la faveur de petites accélerations que je m'impose pour coller aux deux gars qui viennent de me doubler. Je suis étonné de la facilité à laquelle je peux revenir sur eux, même quand je coince un peu. Au bout du 13° passé en 6'08, nous reprenons le bitume.

 

Tout en haut, rien n'est impossible

Oui, à partir du 13°, je rentre en quasi transe. Je me surprend à revenir sur un gars devant moi, à lacher mes poursuivants et à être capable d'accélerer même si la pente est présente. Je suis sur un nuage. Le temps au 14° redescend à 5'36, excellent ! Je revois en ligne de mire un gars que j'ai doublé au 6°. Je ne sais pas pourquoi, mais j'en ai fait une fixette. Il est supérieur à moi en grimpette, reste à savoir si en descente il l'est aussi, sachant que ce n'est pas mon point fort, surtout en montagne. Je gratte donc du terrain, je me rapproche. Je ne sens plus mes jambes, le souffle est au top, la tête bien sur les épaules, tout est possible. Le 15° marque la fin de la montée. Nous arrivons au St Odile. Un groupe de marcheurs que nous croisons m'obligera à faire un écart, mon pied gauche tapant un cailloux, mes doigts de pied hurlent. J'essaie de calmer la douleur, gère le terrain comme je peux. Escaliers, virage sérré, on passe tout en haut pour ensuite attaquer la descente.

 

Je vole

Oui, le mot n'est pas faible tant c'est kla sensation que j'ai ressenti durant la descente. Nous avons commencé par une série de marches, franchement pas facile à négocier. Les muscles des cuisses, tétanisés, demandent à arrêter ici le massacre. Mais rien n'y fait, il est temps d'accélerer. Mon compagnon des deux derniers km s'est envolé, je vais devoir gérer la descente seul, pas plus mal pour avori une bonne vison du terrain. Je passe au 16km en 4'15. J'ai vraiment cette impression de voler. Mon choix doit se faire rapidement pour savoir où poser les pieds et négocier au mieux cette descente. Je m'aide de mes bras, de mon corps pour faire balancier et naviguer ainsi, de part et d'autre du sentier. J'ai dù à un moment donné, presque m'arrêter pour gérer de grosses caillasses, mon esprit plus aussi vif a du mal à prendre en compte tous ces paramètres. Une sensation de légèreté mais également, un début de larmes. Oui, je ne sais pas comment cela peut arriver. Est-ce lié à la musique, la situation du moment ?Bref, une émotion incroyable. Je continu ma descente, inéxorablement. J'arrive toujours aussi bien à descendre, je me surprend moi même. J'ai en tête d'aller le plus vite possible. Je me risque à regarder le chrono pour voir ma vitesse : 18km/h. A 17km, je passe en 3'58", signe de la difficulté pour moi à descendre. Mes mollets commencent à cramper. Pas un, les deux ! Faut dire que le terrain est plus propice à l'accélération et donc, pas encore assez détendus, ceux-ci me le font savoir. J'essaie, tout en courant (m'arrêter est exclu), d'étirer mes mollets en jetant mes pieds au loin. La douleur passe légèrement et je gagne un peu de souplesse. A ce moment là, je me fais doubler par un concurrent. Ni une, ni deux, j'emboîte, je ne lâche plus rien !

 

Incroyable

Dans cette partie de descente, je suis mon poisson pilote que je ne lâche pas d'une semelle, voire des deux. Il change de voie, je fais pareil. Nous arrivons au 18° km (passé en 3'48") et nous voyons en bas (mauvaise surprise) les coureurs du 10 et les marcheurs. Je vois tous mes espoirs de faire un bon temps s'envoler en une fraction de seconde (voir l'article des DNA).

Comment ne pas perdre du temps dans cette foule ? Et c'est là que c'est incroyable ! Peu après le 18° kilo, virage serré à droite et nous voilà dans le flot avec mon poisson pilote. A ce moment là, il se passe un truc énorme. Mes jambes, redoublent d'efficacité, mon oeil est vif, mon rythme est bon. Nous dépassons les coureurs, les laissant littéralement sur place. J'annonce mon arrivée en "gueulant" gauche ou droite en fonction de là ou je passe. Si certains de ces coureurs me lisent, toutes mes excuses. Même si je remerciais à chaque fois de m'avoir laissé passé, c'est pas dans mes habitudes de "gueuler" sur une course. Le 19° km passe en 3'42" ce qui avec le monde présent est bon. On continu notre descente à une allure dingue, toujours dans un état second. L'impression de ne pas toucher le sol. J'ai déjà quelques 10km à mon actif à Ottrott et franchement, j'ai jamais eu ces sensations. Le 20 arrive et nous sommes en 3'52". Dernier kilo. J'arrive enfin à passer devant. Malgré le mal qui remonte, j'appuie, sans me poser de questions. J'encourage mon compagnon. Nous ne devons plus rien lâcher. Nous sommes dans la dernière descente. Mes pieds hurlent mais je ne veux rien entendre. Je vois la banderole, jette un petit coup d'oeil en arrière, c'est bon, il me suit. Ce dernier kilo sera le meilleur de tous, claque en 3'32", tout simplement incroyable (une fois de plus) après avoir parcouru 21km et plus de 600m de dénivellé. Les derniers mètres sont avalés de la même façon.

Je me retourne, je cherche mon poursuivant, on se félicite et comme je le dis à chaque fois que l'on me remercie : "c'est toi que je remercie et c'est comme ça que je vois la course, pas seul mais à plusieurs, tous dans la même galère".
Rapidement, je me cherche un thé à boire. Je grignote un bout de biscuit. Il fait froid, faut pas que je traine. Je prends deux verres de thé et je m'échappe. Pas envie de rester là. Au détour de la tente, une immense envie de pleurer arrive. Je ne peux contenir cette envie, toute l'émotion de la course sort d'un coup. La fatigue, mes pensées, le stress, la joie, tout ça et plus encore, sort d'un coup. Je reste là, une, deux minutes, je ne sais plus, à pleurer comme un gamin. Je ne retiens rien, je suis seul mais accompagné. Vous savez quoi ? Et bien ça fait un bien fou !

 

C'est fait !

Oui, comme on me l'a dit : "maintenant c'est fait". 
Je craignais un peu ce semi marathon. Le troisième du mois, sur un terrain qui n'est vraiment pas ma tasse de thé, réalisé après deux nuits de travail, 1h de sommeil et je ne vous dis pas le reste !
Alors oui, c'est fait.
Cette course restera gravée pour un bon moment dans ma mémoire. J'ai vécu un truc hors norme. Une discussion avec moi même, me chercher et me trouver. Se dire que tout est possible, suffit de se donner les moyens ou alors, se faire mal. Endurer la souffrance, apprendre la patience, croire en vous. Je ne sais pas si à travers ce récit, je suis arrivé ou non à vous emmener là où j'étais dimanche matin mais j'espère juste que vous croyez un peu plus en vous.

 

Quelques chiffres ?

Semi-marathon réalisé en 1h36'24"
600m de dénivellé positif
24° place sur 498
170 pulsations de moyenne et un max à 189 pulsations (réalisé au 4°km)
5 gels et 500ml de boisson dans ma bouteille
3 et 21, ça c'est pour la petite histoire.

Aujourd'hui, j'ai mal aux jambes mais je gère ;-)

Les résultats sont dispo sur le site de l'organisateur : ICI

J'ai déjà hâte de ma prochaine course qui sera à La Wantzenau pour le 10km puis, ce sera à Brumath pour le 5 et 10, sans oublier la course des enfants ou Anna se fera un 740m :-) 
Début décembre, la SaintElyon en relais ou un autre semi m'attend mais celui-là de nuit (nouvelles émotions en perspectives ?).

Je vous dis à bientôt,
Ne lâchez rien !
Emmanuel.

PS : pardon pour les fautes, pas le temps de me relire, tout a été tapé en une seule fois, comme à mon habitude ;-)

Publié dans Compte-rendu de course

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T
<br /> BEN VOILA UN CR COMME ON AIME LES LIRE !!!! Bravo mon potos<br /> <br /> <br />
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